
Ajuster le dosage de fertilisants et d’herbicides parcelle par parcelle, modéliser l’ensemencement et planifier la production agricole selon la nature du terrain et le type de cultures, mesurer la productivité de l’activité agricole tout en restant informé des inéfficiences et des dommages pour des actions rectificatives immédiates… c’est désormais possible… grâce à l’agriculture de précision, un modèle de production agricole alternatif qui met les nouvelles technologies au service du secteur primaire pour des rendements planifiés, mesurables et optimisés…
C’est autour de ce thème que s’est tenu le Petit-déjeuner débat, organisé par ProFin en collaboration avec Ayibopost et animé par le professeur Goze Bénié de l’Université de Sherbrooke (Canada) ainsi que l’homme d’affaires Henri Claude Muller Poitevien, Président de Haïti Drone Services (Haïti), le mercredi 11 avril 2018, à l’hôtel Royal Oasis, dans le cadre du 8e Sommet International sur la Finance.
En Haïti, le potentiel du secteur agricole est énorme mais, il tarde encore à se matérialiser. Pour causes ? Les défis et les enjeux auxquels sont confrontés ses acteurs. Parmi les besoins encore mal adressés, on retient, par exemple, la méconnaissance des structures de coûts des plantations, le manque de traçabilité et l’inefficacité des méthodes traditionnelles de suivis des cultures, l’absence d’outils rationnels de mesure de la productivité, l’inadéquation des produits d’assurances avec l’activité agricole et les coûts de financement élevés, corollaire direct de ces déficiences, qui restreignent la portée des investissements effectués dans le domaine…
Au-delà de la volonté des décideurs de soutenir et de dynamiser cette industrie, les lacunes observées à l’échelle du secteur agricole constituent un véritable frein à son essor. En effet, même si elle demeure des plus grands pourvoyeurs d’emplois à l’échelle nationale, l’agriculture haïtienne est encore enfermée dans une logique rudimentaire et de subsistance.
Selon le professeur Bénié, pour y remédier et transformer l’industrie agraire en levier de développement, il est impératif de faire l’agriculture autrement… pour accroitre la productivité, la rentabilité et l’attractivité de l’ensemble du secteur. Pour lui, une partie de la solution réside dans la mise à profit de la géomatique.
Au sens propre, la géomatique englobe l’ensemble des outils et méthodes qui permettent d’acquérir, de représenter, d’analyser et d’intégrer des données géographiques. À l’heure du numérique, les technologies à référence spatiale sur lesquelles reposent cette science, se positionnent comme des alliés précieux pour les agriculteurs : en plus de leur offrir des solutions de traçabilité et de mesure pour le suivi et l’optimisation des rendements des cultures, elles leur servent aussi de support à la prise de décisions.
Sur le plan technique, la géomatique appliquée à l’agriculture consiste essentiellement à combiner l’analyse d’images et de données collectées par des drones équipés de capteurs spéciaux (images satellites et relevés topographiques, échantillonnages de sol, données météo, etc….) avec des modèles de traitement agronomiques qui tiennent compte des types de cultures envisagés et des caractéristiques intrinsèques aux terrains (nature des sols, topographie, conditions météorologiques, pluviométrie, irrigation etc…), ce, grâce notamment à des logiciels adaptés à cet effet. D’un point de vue stratégique, cette approche de précision permet de développer des modèles spécifiques pour réduire la quantité d’intrants agricoles utilisés, suivre méthodiquement l’évolution des cultures et assurer une gestion proactive et rationnalisée des parcelles cultivées. Résultats ? Des solutions de veille tangibles, des décisions avisées, des actions ciblées et des rendements maximisés.
Au final, l’intégration du numérique dans le monde agricole représente un levier que les décideurs publics, les entrepreneurs et autres acteurs du secteur, se doivent de considérer… non seulement pour être plus efficaces, plus compétitifs et plus rentables dans leurs entreprises agricoles mais également pour ouvrir la voie à de nouvelles opportunités en matière de capitaux et de produits financiers adaptés aux réalités du métier.
Quand agriculture autrement rime avec finance autrement, les possibilités deviennent naturellement infinies.
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